mercredi 29 juin 2011

La Maison d'Auguste Comte

Attention, aujourd'hui Dr.jéjé élève le niveau ! En effet, nous sommes partis visiter la Maison d'Auguste Comte, située 10 rue Monsieur-le-Prince, dans le 6ème arrondissement (station Odéon, lignes 4 et 10). Auguste Comte vécut au 2ème étage de cet immeuble entre 1841 et 1857, année de sa mort.

L’appartement a été reconstitué tel qu’il était à la mort du philosophe. Dans les vitrines du vestibule sont exposés quelques éléments de son œuvre ainsi que des objets divers tels...

... que ce plan de Cours de philosophie positive pour l'année 1826-1827. Mais il doit l'interrompre rapidement du fait d'une grave dépression, qu'il qualifie d'« épisode cérébral ». Il sortira de l'hôpital avec la mention « NG » (non guéri). Bon, en fait il était un petit peu fou...

Il y a ici également une mêche de ses cheveux. Ancien élève de l'École Polytechnique, et malgré l'échec à l'obtention d'un professorat à cette même école, il publie entre 1830 et 1842 les quatre volumes composant son Cours de philosophie positive.

Et voici sa carte de visite. La philosophie positive se compose d'une philosophie des sciences qui réordonne toute l'encyclopédie et y ajoute la sociologie (Comte est considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie), ainsi que d'une philosophie politique et sociale qui veut réorganiser la société en France, en Occident et dans le monde.

La salle à manger est typique de celles que l'on peut rencontrer dans le milieu bourgeois de cette époque. Pour Auguste Comte, le positivisme est lié à l'émergence de l'âge de la science caractéristique de « l'état positif » qui succède, dans sa loi des trois états, à « l'état théologique » et à « l'état métaphysique ».

On est ici dans le salon. Le portrait est celui de Clotilde de Vaux, sœur de l'un de ses élèves, qu'il recontre en 1844. Il en tombe éperdument amoureux, et commence alors une relation passionnée et platonique. Mais elle meurt l'année suivante de tuberculose. C'est à ce moment que sa pensée évolue vers une forme de religiosité...

Dans la pièce, il y a aussi un portrait de Comte. Il décrit « l'état positif » comme « l'état viril de notre intelligence » : alors que l'esprit métaphysique recourt à des concepts éternels et universels, qu'il ne soumet pas à la réalité, l'esprit positif confronte les hypothèses au monde réel. Pour faire simple : il faut arrêter de rechercher les causes au profit de l'étude des faits.

Dans ce cabinet de travail, Comte écrivait sur ce bureau devant une glace et se disait « inspiré par ses trois anges » : Rosalie Boyer (sa mère), Clotilde de Vaux et Sophie Bliaux (sa bonne). Il a proposé une classification des sciences selon l'ordre suivant : les mathématiques, l'astronomie, la physique, la chimie, la biologie et enfin la sociologie. Elles sont classées du plus abstrait, simple et éloigné de l'homme, au plus concret et « directement intéressant pour l’homme ».

Comte enseignait le positivisme dans cette salle de cours. Cette philosophie a rencontré un grand succès notamment en Amérique latine où il existe encore des temples positivistes. La devise du positivisme, Ordem e Progresso, sur le drapeau du Brésil (à droite), atteste de sa forte influence passée.

On termine avec la chambre. Comme je l'ai évoqué, à partir de 1845 la philosophie positive se transforme en religion... de l'humanité. Comte définit une morale, qu'il fonde sur l'ordre, le progrès et l'altruisme. Il vise le bien de l'humanité définie comme Grand Être, et dont il est le « grand prêtre ». Certes, c'était un génie mais un peu fou... Il a voulu que son appartement reste inchangé après sa mort, du coup vous pouvez voir son pot de chambre !?!

Une dernière précision, la maison ne se visite que les mercredis de 14h à 17h. Mais essayez de vous y rendre à 15h30, à l'heure de la visite guidée. En effet, contrairement à Dr.jéjé, il est fort probable que vous ne connaissiez pas suffisamment Auguste Comte et son œuvre pour apprécier la visite sans le guide, fort sympathique par ailleurs.

dimanche 19 juin 2011

La Maison européenne de la photographie

La Maison européenne de la photographie a pour mission la conservation et la diffusion de la photographie contemporaine. Elle est installée dans l'hôtel Hénault de Cantobre, situé 5 rue de Fourcy, dans le 4ème arrondissement (stations Saint-Paul de la ligne 1 du métro et Pont Marie sur la ligne 7). Lorsque nous nous y sommes rendus, deux expositions étaient présentées.

La première porte sur l'œuvre de Patrick Tosani. Il a par exemple réalisé Moitié # 1 en 2008. Oui, ce sont des photos agrandies d'une chaussure coupée en deux...

Avec sa série de « Masques » (1996) - des photographies de pantalons selon un angle original -, il s'interroge sur ce que contient le vêtement, ce qu'il révèle avec ce vide fictif, « à savoir le corps absent ou l'énigme du corps » !?!

La pluie virgule (1986) est issue de la série « Pluies ». Vous pouvez voir que « le trajet de l'eau est modifié à la mesure de la signification du signe de ponctuation ». Il faut savoir que la série ne se limite pas à la virgule... Cependant, pour l'artiste « c'est l'exacte correspondance entre ce qui advient et ce qui est nommé qui m'intéresse et particulièrement le potentiel descriptif de l'image ». Ok, en fait l'art contemporain consiste à réaliser n'importe quoi du moment qu'on le justifie avec des explications nébuleuses ! Dr.jéjé reconnaît toutefois que les photos sont très belles...

... comme celles de la série des « Portraits ». Il s'agit de la projection d'un portrait sur une page d'écriture Braille. Ici, Tosani souhaite « questionner la présence du réel dans l'image. Le flou n'appartient pas au réel, la mise au point oui. On pourrait substituer ici au mot réel, le mot photographie. C'est peut-être l'essentiel de mon travail de vouloir confondre réel et photographie ».

Le Coureur (1982) emprisonné dans un glaçon a beaucoup amusé Dr.jéjé et Latourbe. Avec les « Glaçons » l'artiste suggère notamment « l'idée de l'instantané photographique ».

Les « Talons » (1987) « gardent un aspect assez sculptural... (Ils) offrent une stratification artificielle. Ils semblent résulter de l'accumulation de couches successives et croître de façon variée et aléatoire. Ce travail a été développé comme une série où chaque pièce est la partie d'un ensemble mais en même temps chacune contient son propre fonctionnement et sa propre évolution ».

La série Les « Cuillères » (1988) est basée sur la variation de l'éclairement. « C'est dans cette possibilité de coïncidence des rôles de la photographie et de l'objet (...) que l'on peut parler du transfert d'un espace réel vers un espace photographique ».

L'autre exposition, L'objet photographique, une invention permanente, nous a notamment permis d'admirer Métaportrait (LawickMüller, 1996) de la série « La Folie à deux ». Grâce à la technique du « Morphing » on voit cette femme se transformer progressivement en homme.

Cette exposition propose donc de découvrir l'ensemble des dispositifs et des processus de fabrication ou de modification des divers objets qui constituent l'atelier du photographe. Pour ne rien vous cacher, elle ne m'a pas vraiment passionné, sauf cette photo d'Eugène Atget qui montre la rue Mont-Cenis (18ème arrondissement) en 1924. Elle a bien changé depuis...

mardi 14 juin 2011

14ème arrondissement

Il suffit que Dr.jéjé et Latourbe partent quelques jours à Barcelone pour que l'audience du blog soit en chute libre... Heureusement, Dr.jéjé est déjà de retour et vous propose cette sélection de sa visite du 14ème arrondissement. On commence avec la Cité internationale universitaire de Paris (17, boulevard Jourdan). Cet ensemble de résidences universitaires est initié dans les années 1920 afin de rapprocher les peuples, décimés par la Première Guerre mondiale. Au centre de la Cité domine la Maison Internationale. Inaugurée en 1936, elle est inspirée de l’architecture française classique, en particulier du château de Fontainebleau.

La Fondation Biermans-Lapôtre, qui héberge prioritairement les étudiants belges et luxembourgeois, fut ouverte en 1927. Les architectures traditionnelles flamande et wallonne sont remarquables.

En 1931 est créée la jolie Maison des Étudiants Suédois. Avec ses deux voisines, la Fondation Danoise et la Maison de Norvège, elle forme une véritable enclave scandinave au sein du parc de la Cité internationale.

La Maison du Japon fut inaugurée en 1929. Évidemment, l'édifice est inspiré des constructions nipponnes.

Plus de 40 bâtiments peuvent être admirés. Mais surtout, ne ratez pas les deux bâtiments réalisés par Le Corbusier : la Fondation suisse (1933) qui lui a permis d’expérimenter certains de ses principes d’architecture et d’urbanisme, et d’appliquer ses théories au logement collectif...

... ainsi que la Maison du Brésil (1959), avec sa façade traitée en loggias colorées. Dessous, le volume oblique abrite les espaces communs, les bureaux...

De l'autre côté du boulevard Jourdan se trouve le parc Montsouris. Ce parc à l'anglaise fut dessiné par l'ingénieur Alphand, à l'initiative du baron Haussmann. La légende veut que le jour de son inauguration (1869), le lac artificiel se soit vidé et qu'un ingénieur qui avait supervisé sa construction se serait suicidé...

Il est vraiment très agréable de se promener sur les 15 hectares du parc, planté de nombreuses espèces végétales et abritant un grand nombre d'espèces d'oiseaux.

Cette mire, placée à l'origine dans le jardin de l'Observatoire de Paris, servait aux astronomes pour régler leurs instruments. On peut y lire l'inscription « Du règne de... - Mire de l'Observatoire - MDCCCVI ». Mais qui a donc effacé le nom de Napoléon Ier ?

La rue Nansouty, qui borde le parc Montsouris, permet d'accéder à de charmantes ruelles à l'aspect provincial, comme le square de Montsouris (photo). Elle est bordée de maisons construites dans les styles Art nouveau et Art déco.

Celle du fond, qui fait l'angle avec l'avenue Reille, fut réalisée par Le Corbusier pour son ami le peintre Ozenfant.

On se rend ensuite au 101 rue de la Tombe-Issoire où débute la villa Seurat. Elle est née dans les années 1920, de l'initiative de l'architecte André Lurçat. Au n°3 le bâtiment rappelle, avec sa façade légèrement bombée, la Maison La Roche.

La maison au n°7 a été réalisée par le réputé Auguste Perret. Bon d'accord, il faudrait visiter l'intérieur...

L'église Saint-Pierre-de-Montrouge, située place Victor-et-Hélène Basch, fut élevée dans les années 1860 dans le cadre des travaux haussmanniens pour marquer l'annexion des quartiers environnants à Paris (de Gentilly et de Montrouge).

L'intérieur de style néoroman est très joli.

Du quartier de Plaisance se dégage une atmosphère singulière. La rue des Thermopyles (photo) nous plonge dans l'ambiance des villages (lotissements) créés au cours de la première moitié du XIXe siècle.

Pas loin, le 71 rue Raymond-Losserand s'ouvre sur l'allée du Château-Ouvrier où vous pouvez voir cet impressionnant « Château » construit en 1891 par l'architecte Louis Gauche, à l'attention des classes populaires, qui bénéficiaient du luxe d'avoir leurs propres toilettes !

Puis on se dirige rue Vercingétorix où se trouve l'église Notre-Dame-du-Travail. Elle fut construite en 1899 afin d'offrir un lieu de culte aux ouvriers employés sur les chantiers de l'Exposition universelle de 1900. La cloche sur le côté serait une prise de la guerre de Crimée de Napoléon III.

A l'intérieur, l'armature métallique est remarquable. Elle proviendrait en partie du démantèlement du Palais de l'Industrie construit pour l'Exposition universelle de 1855.

Ensuite, on est allé visiter le cimetière du Montparnasse. Là, c'est la tombe de Serge Gainsbourg. Regardez on dirait que Latourbe a essayé de photographier sous la jupe de la dame... Heureusement, il y a sa main ! D'autres personnalités y sont enterrées : Baudelaire, Maupassant, Sartre, Dreyfus, etc.

Autrefois, des fermes étaient installées ici. La tour d'un des nombreux moulins du mont Parnasse est encore visible. Elle daterait du XIVe ou XVe siècle, et au XVIIIe siècle c'était le lieu de rencontre d'étudiants jésuites qui venaient s'y enivrer... Au fond, c'est la tour Montparnasse.

Le passage d’Enfer, qui tire son nom de l'ancien boulevard Raspail (boulevard d'Enfer), a été édifié en 1855. Depuis, l'endroit ne semble pas avoir fait l'objet de modifications...

Le célèbre restaurant La Closerie des Lilas est situé sur le boulevard du Montparnasse, au 171. D'après la légende, la closerie serait construite sur le domaine du château de Vauvert qui appartenait à Robert le Pieux. Abandonné à la mort de ce dernier, le château aurait été hanté par le diable - d'où l'expression « aller au diable vauvert ». Deux siècles plus tard Saint Louis donna le domaine aux Chartreux afin qu'ils exorcisent le lieu. On en apprend des choses avec Dr.jéjé et... Wikipédia.

Au 123 boulevard de Port-Royal se trouve l'Hôtel de Clagny, construit au milieu du XVIe siècle. En 1626, il accueille le couvent de Port-Royal. Ce qui est rigolo, c'est qu'à la Révolution, il devient la prison de Port-libre (!?!) avant de devenir un hôpital public. Si vous y entrez, vous verrez que le cloître a été conservé.

Ceci est le plus ancien des observatoires du monde en activité, créé par Colbert en 1667. Il est situé tout au bout de l'avenue de l'Observatoire en venant du Sénat. L'Observatoire de Paris a accueilli les plus grands astronomes, comme par exemple le Danois Ole Christensen Rømer qui y découvrit la vitesse de la lumière.

L'Observatoire donne sur la rue Cassini qui doit son nom à la lignée d'astronomes qui y vécurent. Balzac échafauda au n°1 son projet de Comédie humaine. L'architecture des villas n°3 (en brique), n°5 (en brique d'allure médiévale) et n°7 (néoclassique) est remarquable.

L’hôtel de Massa (38 rue du Faubourg-Saint-Jacques) se situait à l'origine sur l'avenue des Champs-Élysées. Il a été démonté et remonté en 1929, dans ce parc où Balzac avait l'habitude de se promener (on est toujours à proximité de la rue Cassini et de L'Observatoire).

On termine la visite boulevard Arago où se trouve la dernière vespasienne de Paris. Nées en 1841, on en compte 1200 en 1930. Puis leur nombre diminua inexorablement... Elles tirent leur nom de l'empereur romain Vespasien qui eut l'idée de placer des tronçons de tonneau dans la rue pour... vous savez ! Derrière, c'est le mur de la prison de la Santé.

Construite en 1867, c'est la dernière prison intra-muros de Paris. Il n'y a pas grand monde, pourtant de nombreuses célébrités l'ont fréquentée... Mais bon, ça ne se visite pas.