samedi 16 octobre 2010

Le musée national Jean-Jacques Henner

Le musée national Jean-Jacques Henner se situe 43 avenue de Villiers dans le 17ème arrondissement (stations Malesherbes - ligne 3 - et Monceau - ligne 2). Il est installé dans un hôtel particulier qui était depuis 1878, la demeure et l'atelier de Guillaume Dubufe. En 1920, il est acquis par Jules Henner, pour y présenter les collections de son oncle.

A gauche en entrant, se trouvait la salle à manger de l'hôtel avec sa remarquable cheminée de style « chinois » et son décor de carreaux anciens bleu et blanc en faïence de Delft.

Dans le couloir prolongeant l'entrée, il y a une vitrine qui présente une partie du matériel de dessin et de peinture de Henner provenant de son atelier, 11 place Pigalle.

On se dirige vers le premier étage qui comprenait notamment un atelier d'artiste, un patio et une chambre. Dr.jéjé a particulièrement apprécié l'ambiance feutrée et surannée du musée.

Les deux petites salles rouges sont consacrées aux années de jeunesse de Henner.

Il est né en 1829 à Bernwiller, dans le sud de l'Alsace, de parents cultivateurs. Cet autoportrait date de 1847.

Ses tableaux de jeunesse, essentiellement des portraits et des scènes de genre comme La mère de l'artiste priant devant le corps de sa fille madeleine (1856), sont caractérisés par un réalisme qui demeurera une constante dans son œuvre.

Henner remporte le Grand Prix de Rome de peinture en 1858 avec Adam et Ève retrouvant le corps d'Abel.

Ce succès lui permet de séjourner cinq ans à Rome, à la Villa Médicis, entre 1859 et 1864. Il s'en inspire avec Rome, terrasse de la Villa Médicis (1860).

Le décor du grand atelier aux murs rouges, dont il subsiste aujourd'hui principalement les moucharabiehs égyptiens et l'ornementation des fenêtres qui reprend un motif géographique du décor de l'Alhambra de Grenade, contribuait à créer une atmosphère orientale à l'époque de Dubufe.

À son retour de Rome, le peintre s'oriente provisoirement vers un naturalisme dont témoigne la Femme couchée (vers 1869).

En 1871, L'Alsace. Elle attend, peint pour être offert à Gambetta un des plus farouches opposants à l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Empire allemand, fait sa célébrité.

Le grand atelier présente également des œuvres ayant appartenu à la collection de Henner, telle La prise de Troie de François-Joseph Heim.

Avant de rejoindre les étages supérieurs, on passe devant cet autoportrait de 1877. Dès 1871, Henner opte pour la nationalité française mais conserve des liens forts avec sa région d'origine dans laquelle il retournait chaque année, dont il a peint de nombreux paysages.

On passe rapidement sur le deuxième étage consacré à des expositions temporaires d'arts graphiques. Le jour de notre visite, étaient présentées des photographies d'un intérêt limité portant sur la Café Society. Au troisième étage, cette salle évoque la carrière officielle de Henner, notamment au travers de la présentation de grands formats comme Les Naïades (1877) - en bas à droite - commande privée pour une salle à manger, ou La Vérité (entre 1898 et 1902) - en haut à droite - destinée à la Sorbonne. Elle montre aussi l'importance des sujets religieux comme Saint Sébastien (1888) ou Le Christ aux donateurs (entre 1896 et 1803) - tout à gauche.

Sont aussi exposées des œuvres de Many Benner, élève de Henner et premier conservateur du musée, telles Jean-Baptiste enfant (1897) - en haut - ou Résurection de la Fille de Jaïre - en bas.

En conclusion, Dr.jéjé et Latourbe ont grandement aimé visiter ce musée, notamment grâce à l'ambiance particulière qu'il dégage...

dimanche 10 octobre 2010

7ème arrondissement

Dr.jéjé et Latourbe profitent du beau temps automnal de ce début de mois d'octobre pour se balader dans le 7ème arrondissement. Rue des Saints-Pères, prenez le temps de vous attarder quelques instants au numéro 30. C'est à cet endroit que fut créé, en 1604, le premier cimetière protestant à Paris. En effet, les "réformés" étaient jusqu'alors exclus des lieux de sépulture catholiques. Avec la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, ils devront enterrer leurs morts dans des lieux secrets, jardins privés... jusqu'à ce que la Révolution proclame la liberté des cultes.

L'église Saint-Thomas-d'Aquin, située place Saint-Thomas d'Aquin, date du XVIIe siècle. Notez que le pape Pie VII, venu à Paris pour le sacre de Napoléon, y célébra une messe le 26 décembre 1804.

L'intérieur est remarquable et s'agrémente de très belles peintures.

On se rend maintenant rue Saint-Guillaume. Juste à côté de Sciences Po - profitez-en pour jeter un coup d'œil à l'élite de demain -...

... derrière la porte du numéro 31, se trouve une cour où se dissimule la maison de verre de Pierre Chareau et Bernard Bijvoet. Elle a été construite en 1931 pour le docteur Jean Dalsace. Cette construction dotée d'une façade complètement vitrée a certainement inspiré Le Corbusier, qui viendra régulièrement visiter le chantier.

Rue Las Cases se tient la monumentale basilique Sainte-Clotilde. Avec ses deux flèches hautes de 69 mètres et son style néogothique elle est née autour d'une vive polémique. En effet, l'église fut bâtie au milieu du XIXe siècle, alors que jusqu’ici la Restauration et la Monarchie de Juillet s’étaient scrupuleusement cantonnées au néoclassicisme...

Remarquez que le style architectural diffère radicalement de celui de l'église visitée précédemment.

Au 57 de la très calme rue de Varenne, l'hôtel de Matignon, dont la construction débute en 1722, a appartenu notamment au comte de Matignon, puis à la famille régnante de Monaco, Talleyrand... avant d'accueillir l'ambassade d'Autriche-Hongrie. En 1935, Gaston Doumergue y établit le siège de la Présidence du Conseil. Depuis, l'hôtel est la résidence officielle du chef de gouvernement.

Au 140 rue du Bac, s'ouvre une étrange impasse où se situe la chapelle Notre-Dame-de-la-médaille-miraculeuse. Elle a été bâtie à l'endroit où la Vierge Marie serait apparue, le 27 novembre 1827, à Catherine Labouré.

Depuis, la chapelle ne désemplit pas et les fidèles sont nombreux à venir se recueillir devant la châsse enfermant la dépouille de la sainte (tout à gauche sur la photo). Sur place, vous pouvez acheter la petite médaille miraculeuse à l'image de l'apparition de la Vierge...

Pas loin, la chapelle de l’hôpital Laennec (42, rue de Sèvres) fondé dans la première moitié du XVIIe siècle, avait été installé hors de Paris, pour accueillir les malades incurables dans un lieu paisible et isolé. Sachez que la majeure partie des anciens bâtiments sera bientôt détruite (à l'exception de la chapelle qui est classée monument historique) au profit d'un vaste programme immobilier.

Derrière le battant de la porte du 23 rue Oudinot, se cache une jolie et paisible impasse. C'est une ancienne allée industrielle bordée d'ateliers, aujourd'hui convertis en appartements. Oui, le quartier a bien changé...

Pour terminer, on se dirige vers l'église Saint-François-Xavier, située place du Président-Mithouard, dont la façade est inspirée de la Renaissance italienne.

A l'intérieur, repose le corps exceptionnellement bien conservé de Madeleine-Sophie Barat. Morte en 1865, sa dépouille sera transférée en Belgique au début du XXe siècle à cause de la politique anticléricale de la France. Canonisée par Pie XI en 1925, sa châsse est rapatriée en France seulement en 2009, dans le quartier où elle a œuvré la plus grande partie de sa vie.

Il n'y a pas longtemps, un commentaire suggérait au Dr.jéjé de recenser les bonnes tables de la capitale. Eh bien, je conseille au visiteur du 7ème arrondissement de s'arrêter à l'Atelier de Joël Robuchon (5, rue de Montalembert) et de tester le menu « Découverte » pour la modique somme de 150 €.

lundi 4 octobre 2010

Le musée des Monuments français

Cette semaine, nous sommes partis à la découverte du musée des Monuments français. Il est une composante de la Cité de l'architecture et du patrimoine, située dans l'aile Est (dite « Paris ») du palais de Chaillot (station de métro Trocadéro, lignes 6 et 9). Le palais fut construit lors de l'exposition universelle de 1937, à la place de l'ancien palais du Trocadéro, édifié pour l'exposition universelle de 1878.

On débute la visite avec la galerie des moulages, qui rassemble 350 moulages à l'échelle 1, exécutés sur des édifices français. Ils permettent de retracer l'histoire de l'architecture du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Sachez que dès 1882, le musée de Sculpture comparée - ancêtre du présent musée - souhaité depuis de longues années par Eugène Viollet-le-Duc s'installe dans le Palais du Trocadéro.

La galerie des moulages est constituée de deux galeries. Dans la galerie Davioud, on peut notamment admirer le moulage du portail de l'église Saint-Pierre de Moissac qui marque l'apogée de l'art roman languedocien vers 1120-1130.

Ou encore l'impressionnante reproduction de l'enfeu de l'église Saint-Étienne de Saint-Mihiel, dont les personnages sont de taille « humaine ».

La galerie Carlu de la galerie des moulages est consacrée à l'architecture des XVIIe et XVIIIe siècles. Après ça, direction l'étage...

... où l'on a une jolie vue sur la tour Eiffel dominant le jardin du Trocadéro...

... mais surtout, la galerie des copies des peintures murales et des vitraux. Ici, on trouve les peintures murales les plus représentatives de l'art français du XIIe au XVIe siècle, représentées à échelle réelle et en volume pour exprimer le lien organique qui unit la peinture murale à l'architecture.

La reproduction de la crypte de l'église paroissiale Saint-Nicolas de Tavant est saisissante, on s'y croirait.

Passons enfin à la galerie d'architecture moderne et contemporaine, qui présente la riche évolution architecturale de 1850 à nos jours, à travers une série de plus de 70 maquettes. Par exemple, le monsieur sur la photo examine la reproduction au 1/250e de la Maison de la Radio (Paris, 16e), construite entre 1952 et 1963 par Henry Bernard.

La cathédrale La Major (de 1852 à 1893) de Léon Vaudoyer, Henri Esperandieu et Henri Révoil illustre, par son style romano-byzantin, l'idée selon laquelle Marseille est la « Porte de l'Orient ».

Et ici, l'extrémité côté Seine du ministère de l'économie et des finances (de 1982 à 1989) de Paul Chemetov et Borja Huidobro.

Ça, c'est le palais de justice de Bordeaux (de 1994 à 1997) de Richard Rogers. Dr.jéjé peut vous dire que les Bordelais parlent encore de l'architecture symbolisant la transparence de la justice et des cuves vinicoles...

Cet ensemble de logements sociaux, Nemausus 1, construit à Nîmes entre 1985 et 1987 est l'œuvre de jean Nouvel et Jean-Marc Ibos. Bon, il faut aimer l'esthétique industrielle...

Encore plein de maquettes... D'ici, on peut notamment distinguer « Le Paquebot » (de 1929 à 1934) du 15e arrondissement de Paris, de Pierre Patout, ou les « sculptures habitacles » construites entre 1964 et 1966 par André Bloc à Meudon.

On peut également voir des maquettes montrant et décortiquant l'unité d'habitation de Marseille, construite entre 1947 et 1952 par Le Corbusier. Cette « Cité radieuse » comprend 377 appartements pour 1600 habitants environ ainsi que des commerces, des installations sportives, une école maternelle... Il s'agissait de construire « la maison des hommes » permettant la vie en communauté, fondée sur la cellule familiale, et qui dispose de tous les services nécessaires pour offrir à chacun la possibilité de cultiver son corps et son esprit.

D'ailleurs pour Dr.jéjé, l'élément majeur du musée est cette reproduction fidèle d'un appartement type E2 de la Cité radieuse. Ces appartements traversent entièrement le bâtiment et se développent sur deux étages de 2,26 mètres sous plafond.

Pour faciliter les tâches de la mère de famille, la cuisine est ouverte sur la salle commune, ce qui est novateur pour l'époque.

On se tourne pour voir que la loggia constitue une véritable pièce en plein air.

A l'étage, il y a d'un côté la chambre des parents...

... qui s'ouvre sur le séjour bénéficiant d'une double hauteur sous plafond...

... et de l'autre, les deux chambres d'enfants...

... que la cloison mobile permet de réunir en une grande salle de jeux - elle aussi en plein air. Ingénieux, non ?

Avec Latourbe nous avons grandement apprécié la visite de ce musée, en particulier l'étage dédié à l'architecture moderne et contemporaine. Cependant, nous avons été exaspérés par - encore une fois - l'interdiction de prendre des photos. Mais comme vous pouvez le voir, cette fois-ci on ne s'est pas laissé faire !