La Défense

Un blog qui traite de Paris doit nécessairement parler de son quartier d'affaires : La Défense (station La Défense, lignes 1 du métro, A du RER et 2 du tramway). Il se situe à cheval sur les communes de Puteaux, Courbevoie et de Nanterre, dans le prolongement de l'axe historique parisien qui débute au Louvre et passe par les Champs-Élysées. La Grande Arche, symbole de La Défense, est l'œuvre du Danois Johann Otto von Spreckelsen. Le projet fut retenu par François Mitterrand en 1983, et inauguré en 1989 pour le bicentenaire de la Révolution française. Mais comme l'architecte meurt en 1987, c'est Erik Reitzel qui terminera l'Arche.

Le Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT) est l'autre œuvre emblématique de la Défense. Construit en 1958, c'est le premier bâtiment élevé dans le quartier. D'habitude le toit est blanc... André Malraux verra dans ce triangle équilatéral de 218 mètres de côté « une cathédrale des temps modernes ».

L'Élysées La Défense est un immeuble de 41 000 m2 qui incarne le concept développé par les bureaux de troisième génération. De hauteur modeste, 7 étages, tous ses bureaux ont des fenêtres ouvrant sur l’extérieur permettant à leurs occupants de bénéficier d’un éclairage de premier jour. Tout à droite, vous pouvez voir le dôme de l'énorme centre commercial les Quatre Temps, installé sous l'immeuble précité.

Cette statue fut réalisée par Louis-Ernest Barrias afin d'exalter l'héroïsme patriotique des défenseurs de Paris, lors de la guerre de 1870. Inaugurée en 1883 à un carrefour de Courbevoie, La Défense de Paris donnera son nom au quartier. En 1983, suite à des travaux d'aménagement, la statue est déplacée à quelques mètres de son emplacement d'origine. À l'arrière plan, remarquez les tours Total (1985 ; à l’origine Elf) et Areva (1974 ; anciennement Fiat). L'architecture de cette dernière est inspirée du monolithe du film « 2001 Odyssée de l'espace ».

En 2001, La Défense se dote d'une église à l'architecture originale : Notre-Dame de Pentecôte. Dr.jéjé aime beaucoup ! Notamment la façade en partie détachée du bâtiment sur laquelle on peut discerner une discrète croix.

Au pied de la tour EDF (2001), les Personnages colorés de Joan Miró (1976) égayent l'esplanade de La Défense. Sachez qu'avec la cinquantaine d'œuvres exposées, le quartier est un véritable musée permanent à ciel ouvert.

Le Pouce de César est impressionnant avec ses 12 mètres de haut et ses 18 tonnes. Pour l'anecdote : en 1975, Jean Dubuffet négocie avec l'EPAD (établissement public pour l'aménagement de la région de la Défense) la création d'un jardin sculptural en plein centre de l'esplanade. Mais cette œuvre ne verra jamais le jour, l'artiste ne voulant pas se plier aux contraintes du lieu...

Je ne connais ni le nom de cette œuvre, ni celui de l'artiste. On dirait le sigle déformé de l'euro (€). Il est situé dans l'axe principal, avec au fond l’arc de triomphe.

La Défense a également son musée. Il est riche d'informations en tous genres, notamment historiques, ou sur les projets en cours.

On peut aussi y voir des maquettes. On apprend par exemple qu'en 1964 Nicolas Schöffer proposa à Malraux, alors ministre de la Culture, un projet de grande tour-sculpture lumineuse et sonore. Les couleurs et les faisceaux devaient changer en fonction des tendances de la Bourse, de la météorologie, des bouchons sur les autoroutes...

Cette tour était dans l'esprit du concepteur un véritable baromètre et pouls de la vie parisienne que chacun pouvait consulter à distance. Elle aurait pu prendre place dans ce cratère qui accueillera plus tard la Grande Arche. Mais avant ça, d'autres projets ont été proposés...

... comme la Grande Tour en Diapason d'Ieoh Ming Peï (1970). Le projet ne se réalisa pas, mais 20 ans plus tard, il concevra la Pyramide du Louvre... non à la fin, mais au départ de l'axe.

Consulté en 1971 sur le projet Peï, Emile Aillaud le trouva « bien pompier » et suggéra de fermer l'axe par deux immeubles-miroirs (1973) concaves de 300 mètres de long sur 70 de haut. Mais il ne trouva pas de promoteur...

En 1981, le projet d'immeubles en forme d'éclats de verre brisé, disposés en arc de cercle, de Jean Willerval est retenu par Valéry Giscard d'Estaing. Malheureusement pour lui, le projet est abandonné par le nouveau président de la République François Mitterrand.

Cet aérotrain devait relier, dès 1976, La Défense à la ville nouvelle de Cergy-Pontoise. Muni d'un réacteur, il a dépassé 430 km/h en 1974 sur une voie expérimentale. Le projet a été annulé à peine un mois après l'annonce officielle de sa réalisation, au profit de l'actuel RER. Dommage ! Aussi, en 1973, 20 ans avant le prolongement de la ligne n°1 du métro, Dunlop proposa le système Speedaway pour relier l'esplanade à Paris : un long tapis roulant capable d'acheminer 8000 personnes à l'heure à la vitesse de 3 mètres/seconde...

Réalisée en 1922 par Auguste Perret dans le cadre d'un projet d'extension de Paris, cette étude est destinée à répondre à l'importante demande en logements pendant l'entre-deux-guerres. L'architecture de ces gratte-ciel s'inscrit dans l'esprit des tours de New-York de l'époque. Leur alignement reste dans la tradition des compositions classiques à la française. Là encore, dommage !

Cette vue aérienne de La Défense vers Paris de 1950 permet de distinguer la statue de Barrias à son emplacement d'origine, dans l'axe qui mène jusqu'à l’arc de triomphe. L'aménagement de La Défense a nécessité l'expropriation, l'achat et la démolition de 9500 logements. Environ 23 500 personnes ont ainsi été déplacées et relogées par l'EPAD. Sans oublier les derniers bidonvilles de France, occupés par près de 8000 personnes, et libérés en 1965.

Cette photo (1958) montre une partie des bâtisses expropriées du rond-point de La Défense. La « ferme du rond-point » était une crémière. Cependant, les techniciens de l'EPAD ont été surpris de découvrir une étable de huit vaches dans son arrière-cour... à 200 mètres du CNIT.

Dr.jéjé a trouvé cette visite passionnante, en partie grâce au musée, riche en anecdotes.