samedi 9 avril 2011

18ème arrondissement

On profite d'une superbe journée pour visiter le 18ème arrondissement, avec pour commencer, l'église Saint-Denys de la Chapelle située place de Torcy, dans le quartier de la Chapelle. Elle aurait été édifiée à l'endroit où se trouvait le tombeau de saint Denis, auprès duquel sainte Geneviève venait prier. Ce n'est qu'au VIIe siècle que Dagobert fera transférer les reliques du saint vers la basilique Saint-Denis. La modeste chapelle est remplacée vers
1204, par une église dont il subsiste aujourd’hui encore quelques éléments. Sur la droite, vous pouvez voir la basilique dédiée à Jeanne d'Arc, en souvenir du passage de la sainte en cette localité. Bon, comme on est un vendredi et que c'est l'heure de la prière, on va prendre le métro afin d'éviter de passer par le quartier de la Goutte-d'Or pour se rendre à...

... Notre-Dame-de-Clignancourt - sinon quelques djihadistes risquent de vouloir enfiler une burqa sur Latourbe, ce qui pourrait nuire à la qualité des photos. Située place Jules Joffrin, face à la mairie du 18ème arrondissement, l'église fut construite au moment de l'élargissement de Paris en 1860. Et ce, en raison de l’industrialisation du nord de la ville, ayant entraînée une forte poussée démographique par l'arrivée en masse d'ouvriers, qui justifiait l'édification d'une nouvelle église. Là encore, on n'est pas loin de l'ambiance « village »...

... que l'on retrouve sur la butte Montmartre. Notamment ici, face au Lapin Agile (4 rue des Saules), un cabaret établi dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il paraît que les gérants se montraient généreux avec les rapins désargentés d'alors : Picasso, Modigliani, Utrillo... Le cabaret, encore aujourd'hui en activité, s'enorgueillit également d'avoir eu pour client Pierre Brasseur, Georges Simenon, Charlie Chaplin...

Pas loin de là, place Dalida, l'atmosphère fait penser à une petite ville de province du début du siècle dernier. On a plus vraiment l'impression d'être à Paris... Si vous continuez par cette rue, vous passerez devant le musée de Montmartre, puis vous atteindrez la basilique du Sacré-Cœur.

La place donne sur la rue Girardon qui permet d'accéder au square Suzanne-Buisson. Une fontaine rappelle que saint Denis, après avoir été décapité sur la butte au IIIe siècle, aurait ramassé puis lavé sa tête ici, avant de descendre vers la plaine... Malheureusement, la fontaine d'origine, donnée comme miraculeuse, a aujourd'hui disparu.

Au 22 rue Norvins, le jardin Frédéric Dard dit San-Antonio vous plonge dans la campagne profonde. Je me demande si ces maisons « rurales » n'appartenaient pas à l'origine à la Folie Sandrin située quelques mètres plus loin. Cette dernière, transformée en maison d'aliénés au début du XIXe siècle, expérimentait des traitements novateurs en rupture avec la tradition qui enchaînait les aliénés dans les asiles. Gérard de Nerval fut l'un des pensionnaires.

L’église Saint-Pierre de Montmartre, située 2 rue du Mont-Cenis, est l'une des plus vieilles églises de Paris (XIIe siècle). À la fin du XIXe siècle, menacée de démolition en raison de son piteux état, elle est finalement restaurée. Déjà au Ve siècle, s'élevait ici une première église mérovingienne à l'emplacement d’un temple de Mars. Puis on se retourne pour voir...

... ça ! La place du Tertre. Grâce à ses nombreux portraitistes et autres artistes sur fond de musette, elle accueille de nombreux - mais alors nombreux ! - touristes. Ils raffolent de cette ambiance parisienne à l'authenticité feinte.

Allez, on descend un peu... (Dr.jéjé ne préfère pas parler de la montée, vous comprendriez si vous aviez vu Latourbe en nage et toute essoufflée)

... pour se rendre au 11 rue Yvonne-le-Tac, où se trouve la crypte du Martyrium de Saint-Denis. Cette dernière a été édifiée à l'emplacement supposé du martyre de saint Denis. C'est également ici qu'Ignace de Loyola prononça en 1534 le vœu de fondation de la Compagnie de Jésus (les Jésuites).

Allez, on va à l'intérieur : pour certains c'est ici qu'aurait été déposé le corps de saint Denis. Attention, si vous voulez venir vous recueillir, sachez que la crypte est ouverte seulement le vendredi après-midi.

L'oratoire date seulement de 1870 puisque sous la terreur on perdit l'emplacement de la crypte. Cependant, il reste ce bas-relief de 1253 qui évoque la décollation du saint.

Place des Abbesses, il y a l'entrée de la station de métro Abbesses. Remarquez que celle-ci permet d'admirer pleinement l'édicule Art nouveau d'Hector Guimard. En effet, il est constitué d'un toit vitré, parfois appelé « libellule ».

En face, au 19 rue des Abbesses, siège l’église Saint-Jean de Montmartre. Construite entre 1894 et 1904, c'est la première église construite en béton armé. Revêtue de briques et de céramiques, elle est somptueuse.

Le style Art nouveau est également bien présent à l'intérieur : le décor orientaliste, traité en Modern Style, est grandement valorisé grâce à ses superbes verrières.

Dr.jéjé ne néglige aucun élément de son public. Et ce, quel qu'il soit, même le plus mièvre. Pour preuve, voici l’épicerie de monsieur Collignon, située 56 rue des Trois Frères, que l'on peut voir dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.

Au fond de l'impasse Marie-Blanche, ne ratez pas la maison Eymonaud (c'était un antiquaire). Cette maison pittoresque néogothique d'allure médiévale fut construite entre 1892 et 1897. Sur l'une des fenêtres, il y avait un panneau qui indiquait qu'un appartement 3 pièces de 127 m² était à vendre. Je n'ose pas imaginer le prix...

À côté du Moulin Rouge, au 94 boulevard de Clichy, se trouve l'entrée de la cité Véron, où Jacques Prévert et Boris Vian vécurent. D'ailleurs, ce dernier écrivit ici L'Arrache-cœur. A l'intérieur, on ne voit pas grand chose : c'est barricadé ! Vous comprenez, Pigalle la nuit...

On termine la visite à la villa des Arts, située 15, rue Hegesippe Moreau. De nombreuses célébrités ont, depuis la fin du XIXe siècle, fréquenté cette soixantaine de locaux pour artistes. Citons Paul Cézanne qui habita l'endroit entre 1899 et 1901. Avec Latourbe on y est entré (par une belle grille en fer forgé), mais sachez que normalement, seuls les artistes qui y résident officiellement peuvent pénétrer dans les lieux. Ils ont peut-être peur qu'on leur vole une croûte...

1 commentaire:

  1. super article. J'aime beaucoup ce blog et compte bien y repasser. Je parcours Paris de long en large et j'avoue que le 18eme est de loin celui que je connais le moins. Super enrichissant, merci ^^.

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