Rien n'arrête l'intrépide Dr.jéjé et la fidèle Latourbe dans leur aventure. Ils se sont même rendus en Seine-Saint-Denis, dans le dangereux « 9-3 », afin de visiter la basilique Saint-Denis (ligne 13 du métro, station Basilique de Saint-Denis). Elle s'élève sur l'emplacement d'un cimetière gallo-romain qui abrite la sépulture de saint Denis. Lieu de pèlerinage, elle est construite au Ve siècle. La plupart des rois et reines de France y sont enterrés dès le VIIe siècle. Dagobert est le premier roi à y avoir été enterré, mais c'est à partir d'Hugues Capet que les souverains y furent systématiquement inhumés, à quelques exceptions près.
Au XIIe siècle, l'abbé de Saint-Denis, Suger, fait de l'abbaye un chef-d'œuvre de ce que l'on nommera le premier art gothique (dont certains éléments subsistent aujourd'hui). Au XIIIe siècle, sous le règne de Saint Louis, de nouveaux travaux donnent à la basilique son aspect actuel.
La crypte archéologique abrite les vestiges des basiliques primitives et les premières tombes de la nécropole. La fosse évoque l'emplacement de la tombe du martyr Denis. A l'époque mérovingienne, au Ve siècle, l'église primitive aurait été agrandie par sainte Geneviève, patronne de Paris. De la construction au IVe siècle, vous pouvez encore voir quelques fondations constituées de gros blocs gallo-romains. A l'époque carolingienne, l'abbé Fulrad fait édifier une nouvelle basilique, consacrée le 24 février 775 en présence de Charlemagne (inhumé à Aix-la-Chapelle).
Le sarcophage d'Arégonde, épouse du roi Clotaire Ier au VIe siècle, a été découverte dans la basilique en 1959. Il y en a sûrement encore à découvrir...
C'est Saint Louis qui décide, au XIIIe siècle de faire installer la nécropole des rois de France à Saint-Denis. Auparavant, les rois y étaient enterrés derrière une simple dalle portant une épitaphe. Saint-Louis fait donc réaliser des tombeaux pour ces rois. Ici, il y a des Carolingiens : Louis III, Carloman, Pépin le Bref et Berthe dite au Grand Pied. Notez que parfois les différentes parties du corps des morts étaient conservées dans des lieux distincts. Dès lors, le gisant peut par exemple tenir un sac, cela indique qu'il s'agit d'un gisant d'entrailles, ou un flacon pour un gisant de cœur.
Et là, des Capétiens : Louis VI le Gros, Henri 1er, Robert II le Pieux et Constance d'Arles. Notez que jusqu'ici, les différents gisants sont représentés avec une couronne et un sceptre, ont des visages très semblables sans traits distinctifs, et sont de la même taille. Il s'agissait pour Saint Louis de légitimer la prise du pouvoir par les Capétiens, en cherchant à montrer l'appartenance de tous ces rois à une même famille, placés dans une même continuité. Hé oui, c'est politique tout ça !
Certains souverains ont leur tombeau à Saint-Denis alors qu'ils n'y ont pas été enterrés, tels Clovis Ier, Childebert Ier ou Frédégonde.
A partir du XIIIe siècle, les gisants deviennent des portraits fidèles et représentent les personnages à leur taille réelle, comme Charles V et Jeanne de Bourbon. Elle tient un petit sac...
Les tombeaux de la Renaissance prennent une ampleur monumentale. Ces mausolées se composent de deux étages : en bas, l'empire de la mort, avec les transis nus figurant les cadavres ; au-dessus, la vie éternelle avec les statues des souverains en prière. Ici, c'est Louis XII et Anne de Bretagne... et le bout d'un vieux qui me gâche la photo !
Le tombeau de François Ier et Claude de France est lui aussi remarquable.
Celui d'Henri II et Catherine de Médicis est également inspiré de l'Antiquité. Cette dernière avait fait construire, à l'extérieur de la basilique, une chapelle circulaire de 30 mètres de diamètre, pour héberger les tombeaux. Elle fut démontée au XVIIe siècle.
Le XVIIe siècle signe l'abandon de la statuaire funéraire monumentale. Les Bourbons se font inhumer dans des cercueils en bois enveloppés de plomb, placés dans la crypte, alignés sur des tréteaux. Et ce, principalement parce que le roi, qui devient peu à peu absolu, ne veut plus être représenté mort. Sa représentation glorieuse au milieu des villes assure sa pérennité. A la Révolution, la Convention dans une volonté d'effacer les rois des mémoires, décide de se débarrasser de leurs corps. Seuls ceux de Louise de Lorraine, Louis VII, Louis XVI, et Marie-Antoinette ont échappé à cette destruction. Six tombes sont réalisées pour leurs dépouilles, celle de Louis XVIII (dernier roi inhumé à Saint-Denis) et Charles X, alors que son corps repose toujours en Slovénie.
Après la Révolution, Louis XVIII fait aménager un ossuaire qui renferme une partie des ossements royaux exhumés en 1793 et jetés dans une fosse commune au nord de la basilique, avec de la chaux. Triste période... Cette petite pièce était l'ancien tombeau du vicomte de Turenne.
Si vous allez à Paris, la visite de la basilique Saint-Denis est incontournable. Latourbe a adoré ! Pour en profiter pleinement il vaut mieux être accompagné d'un guide qui vous apprendra plein de petites anecdotes, que contrairement à Dr.jéjé, vous ne connaissez certainement pas.
lundi 8 novembre 2010
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