mercredi 12 janvier 2011

Le Musée Zadkine

Le Musée Zadkine est un musée de la Ville de Paris situé dans une petite impasse, au 100 bis rue d'Assas, dans le 6ème arrondissement (station Port-Royal du RER B, Vavin sur la ligne 4 ou Notre-Dame-des-Champs sur la ligne 12 du métro). Il occupe le jardin et la maison où Ossip Zadkine vécut et travailla de 1928 à sa mort, en 1967. Le musée fut créé en 1982 grâce au legs que fit à la ville la veuve du sculpteur, le peintre Valentine Prax.

On accède au musée en passant par le jardin où sont disposées des sculptures qui occupent le même emplacement que du vivant de Zadkine. Tout à droite La Forêt humaine (1957-1958) illustre le thème de la métamorphose de l'homme en végétal qui apparaît dans son œuvre à partir de 1947. En bas à gauche vous pouvez admirer Statue pour un jardin (1943-1944).

En face, vous pouvez notamment voir Rebecca (ou La grande porteuse d'eau) conçue vers 1927. Vous avez certainement dû remarquer d'étranges sculptures tels ces masques de lapins. Ils sont le fruit de l'imagination de Julio Villani et, tout au long de la visite, vous pourrez apprécier son art. En effet, le musée Zadkine accueille régulièrement et temporairement les œuvres d'artistes divers.

La salle 1 est consacrée à la production de Zadkine au cours des dix premières années de son installation à Paris (vers 1910). Il exprime alors sa sensibilité en rompant avec l'académisme encore dominant et en échappant à l'influence de Rodin. La boule de pierre c'est Tête héroïque (1909). Les machins bizarres sont différentes versions de L'arpenteur de Villani.

A partir des années 1920, Zadkine affirme son adhésion aux principes formels du cubisme. La Femme à l'éventail (vers 1923) - tout à droite -, comme l'Accordéoniste (vers 1924) - vous le reconnaissez, non ? -, sont fondés sur un rigoureux jeu de lignes droites qui rythment la composition. C'est également à partir de cette période que son œuvre acquière une dimension internationale.

Les lignes courbes dans Le Concerto (ou Les Musiciennes) de 1927 annoncent déjà l'évolution que va connaître son œuvre.

Oh ! Des oiseaux composés de... Encore Villani, évidemment !

La salle 3 propose des sculptures dans lesquelles Zadkine a introduit des éléments formels de l'antiquité classique, comme les souples drapés de la statuaire grecque, y mêlant nombre de traits stylistiques du cubisme. Orphée marchant (vers 1930) en est la parfaite illustration.

Au centre de la salle 4 sont présentées des sculptures en bois de différentes époques - dont Vénus Cariatide, 1919 - qui montre l'attachement profond de Zadkine envers ce matériau. Tout à gauche, c'est l'impressionnante Prométhée.

Devinez où se trouve Vénus anthropophage (1998), issue de la série "Almost ready-mades" de Villani ? A sa droite, Daphné (1958) fait référence au thème de l'homme-arbre cher à Zadkine. À travers la baie vitrée, on distingue l'atelier du jardin...

... dans lequel on se rend pour voir ça : des bilboquets géants ! Le titre de cette œuvre de Villani, L'Origine du monde (2002), emprunté à Courbet, rend paraît-il évident le caractère sexué des pièces : les formes mâle-femelle, l'appel à l'emboîtement, les liens... Bon d'accord...

Puis Dr.jéjé et Latourbe s'en vont en jetant un dernier regard sur cette sympathique petite maison, à l'aspect incongru dans le quartier. On doit bien avouer que les productions de Villani nous ont davantage marqué que celles de Zadkine. En particulier un film où l'on voit l'artiste déambulant de manière saccadée, caché derrière un masque de lapin... Tordant !

dimanche 9 janvier 2011

Le musée de la préfecture de police

Le musée de la préfecture de police est installé dans l'hôtel de police du 5ème arrondissement, 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève (station Maubert-Mutualité de la ligne 10 du métro). Ce musée, créé en 1909 par le Préfet Louis Lépine (rendu célèbre par le concours des inventeurs éponyme), retrace l'histoire de la police du XVIIe siècle à 1945. Dr.jéjé vous assure que dans les bâtiments de ce musée vous vous sentirez en sécurité...

Le musée est organisé en plusieurs espaces selon un parcours chronologique. La visite débute avec l'Ancien Régime : au fond, vous pouvez voir les premiers uniformes de police (il y en a tout le long, pour chaque époque).

Dans les vitrines, sur les côtés, sont disposés les documents qui ont donné naissance à la police, tel cet édit de Louis XIV créant la charge de lieutenant de police en 1667...

... mais aussi le registre d'écrou de François Ravaillac (l'assassin d'Henri IV), de François Damiens (l'auteur de la tentative d'assassinat contre Louis XV), ou cette note concernant la première détention de Voltaire à la Bastille (mai 1717- avril 1718) pour propos insolents envers le Régent. Visiblement, ce dernier, en désaccord avec le philosophe, ne s'est pas battu jusqu'à la mort pour qu'il ait le droit de dire ce qu'il souhaitait...

Cette impressionnante épée de justice a certainement été très utile aux bourreaux du XVIIe-XVIIIe siècle.

On passe à l'époque révolutionnaire avec ce décret de la Convention nationale du 11 décembre 1792 ordonnant la comparution de Louis XVI devant elle. Vous trouverez également des documents concernant l'internement de Louis XVII et de la famille royale au Temple.

Dans cet espace, où se tient un couperet de guillotine ayant fonctionné place de Grève (place de l’Hôtel-de-Ville maintenant) pendant la révolution, vous pouvez consulter le registre d'écrou de Charlotte Corday (assassinat de Marat) ou de Danton.

La dernière partie du musée est consacrée à la riche période 1800-1945. Ici, c'est le registre d'écrou de Chateaubriand (1832) et une chaîne de forçat (celle de Chateaubrigand ?).

Et là, quelques objets qui évoquent la Commune de Paris. Cette carabine SHARP modèle 1863 de fabrication américaine était en fonction dans la cavalerie fédérale pendant la Guerre de Sécession aux États-Unis (1861-1865). En 1870, elle fut distribuée à la garde nationale mobile des départements. Sur la crosse est gravé le symbole républicain du bonnet phrygien. Aussi, il y a une casquette de gardien de la paix mobilisé pendant la Semaine sanglante (21-28 mai 1871), épisode final de la Commune.

De nombreuses autres affaires ou personnages sont évoqués : Vidocq, la bande à Bonnot, Landru, Lépine, l'assassinat de Jean Jaurès... Cette arme a servi à Gorguloff dans l'assassinat du Président de la République, Paul Doumer, le 6 mai 1932.

Cette vitrine présente des pièces à conviction d'affaires criminelles : armes, objets divers, crâne fracassé...

Et voici la porte d'une des cellules de la prison de la Grande-Roquette affectées aux condamnés à mort.

Évidemment, un espace est dédié à Alphonse Bertillon, le créateur du service de l'Identité Judiciaire : la police scientifique. Sa mallette de mensuration anthropométrique lui permettait de relever tous les types physionomiques : fronts, nez, bouches, mentons, oreilles... Dans la mallette vous pouvez voir la croix de chevalier de la Légion d'Honneur qui lui fut attribuée en 1893. Il reçut également de nombreuses distinctions honorifiques de pays étrangers ayant adopté ses méthodes.

Cette reconstitution de son atelier rappelle qu'il fut l'inventeur de la photographie judiciaire face-profil telle qu'elle est encore réalisée de nos jours.

Le parcours se termine avec l'Occupation, et le rôle joué par la police dans la Résistance et la libération de Paris. Dr.jéjé a retenu pour vous cette borne téléphonique du bois de Vincennes, reliée alors au Commissariat central du 12ème arrondissement...

... ainsi que ce poteau d'exécution du stand de tir d'Issy-les-Moulineaux. Brrr !

Dr.jéjé et Latourbe ont beaucoup apprécié la visite de cet attrayant musée. Prenez le temps de lire les nombreuses affiches - principal moyen de faire connaître les règlements de police auparavant - qui ponctuent le parcours, telle cette désuète permission de saltimbanque... Quelque chose d'impensable aujourd'hui !

dimanche 2 janvier 2011

La Cinémathèque française

Bonne année et bonne santé au Dr.jéjé ! Oups, j'oubliais... Bonne année aussi à Latourbe et à vous tous, fidèles lecteurs. Pour fêter cet événement, on vous présente aujourd'hui la visite du Musée de la Cinémathèque française. La Cinémathèque se situe au 51 rue de Bercy dans le 12ème arrondissement (station Bercy des lignes 6 et 14 du métro). Ceux qui possèdent un peu de la sagacité de Dr.jéjé ont certainement remarqué que le magnifique bâtiment de l’architecte Frank Gehry - ouvert en 2005 - est couvert de neige. S'ils résident à Paris, ils en ont déduit que ces photos, et par conséquent la visite, datent de la veille du départ en vacances du Dr.jéjé.

Le Musée du cinéma, qui retrace l'histoire du cinéma, permet tout d'abord d'admirer ce kinetoscope-kinetophone imaginé par Thomas Edison vers 1894-1895. Cet appareil qui permet de visionner les premiers films de fiction, succède aux photographies successives de Eadweard Muybridge, en 1878, représentant les différents types d'allures du cheval. Le visionnage des images du film 35 mm se fait par le biais du tube de type microscope, sur le dessus de l'appareil. On est loin de Star Wars...

Peu après, en 1896, Londres accueille ce cinématographe conçu par Louis Lumière (fabrication de Jules Carpentier en 1895) qui permet de projeter sur grand écran les images impressionnées sur la pellicule 35 mm.

Pour Henri Langlois - l'un des fondateurs de la Cinémathèque française en 1936 - l'art et la technique cinématographiques ne commencent pas en 1895, date généralement retenue par le grand public, mais avec la lanterne magique d'Athanasius Kircher, voire avec les jeux d'ombres de l'âge des cavernes. On peut donc y inclure ces boîtes d'optique de salon datant de 1820, 1770 et 1780 (de gauche à droite). Ces dernières, grâce aux colporteurs et opticiens, joueront un rôle récréatif et d'encyclopédie portative à une époque où le peuple était en majorité analphabète et où les rares journaux ne comportaient pas d'images.

Ce fusil chronophotographique électrique d'Étienne-Jules Marey de 1899 reprend le principe de son premier fusil de 1882, en le perfectionnant : mécanisme électrique et utilisation du film souple 35 mm non perforé. Avec cette caméra portable, Marey réalise alors quelques vues d'extérieur.

Le Musée présente également quelques costumes de cinéma comme celui du pape porté par Ringo Starr dans Lisztomania (1975) de Ken Russel. Il donne au batteur des Beatles son premier rôle au cinéma.

Ce robot est une reconstitution à l'identique réalisée par le décorateur du film Metropolis (Fritz Lang, 1927), Walter Schulze-Mittendorf.

Et ici, le costume de Catherine Deneuve dans Peau d'âne (1970) de Jacques Demy.

Cette caméra à film 35 mm Super Parvo fut créée et fabriquée par André Debrie en 1932. C'est le premier appareil silencieux, « auto-blimpé », spécialement étudié et conçu pour les prises de vues sonores. Jean Renoir, Jean Vigo et René Clair utiliseront cette caméra.

Ces trois roues en bois peint proviennent du décor original qu'a confectionné Charles Hall pour le film Les Temps modernes (1936) de Charles Chaplin.

Man Ray a pris cette photographie en 1960. De gauche à droite on peut distinguer Roberto Rossellini, Henri Langlois et Jean Renoir.

On termine la visite avec cet Oscar remis à Henri Langlois par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences, à Hollywood en 1974, pour l'ensemble de son travail consacré à la réalisation de la Cinémathèque et à la sauvegarde des films du monde entier. En effet, c'est en grande partie grâce à lui que la Cinémathèque se trouve aujourd'hui à la tête de l’une des plus belles collections au monde dédiée au septième art : 40 000 films anciens et modernes, 21 000 ouvrages, 20 000 affiches, 4 000 appareils, 2 000 costumes, 1 000 objets et éléments de décors, etc.