16ème arrondissement

Cette semaine, on part à la découverte du très cossu 16ème arrondissement. On débute la visite avec quelques villas. Malheureusement, elles sont de nos jours inaccessibles pour la plupart, protégées par des entrées sécurisées avec digicode. Il faut donc avoir un peu de chance, tel qu'à la villa Mulhouse, où un aimable vieillard s'est gentiment proposé de nous ouvrir les portes (au 86 rue Boileau). Il a certainement dû être flatté d'accueillir Dr.jéjé chez lui.

C'est au cours des années 1880 qu'il a été entrepris la construction de ces 67 maisonnettes d'un étage, qui permirent de loger les ouvriers qui travaillaient dans les industries environnantes d'alors. Aujourd'hui, dans le quartier, vous ne croiserez pas beaucoup de représentants de cette catégorie socioprofessionnelle.

En remontant la rue, on tombe sur la hameau Boileau (au 38), où se trouvait l'ancienne propriété du poète. Ces pavillons luxueux, furent construits au milieu du XIXe siècle par des spéculateurs investissant à Auteuil... à la campagne.

Dans les rues environnantes, vous trouverez de nombreuses autres constructions du même acabit, comme ici, rue Molitor.

Mais aussi, dirigez-vous au 7 boulevard Beauséjour, dans la villa homonyme qui rassemble de pittoresques isbas. Elles proviennent du stand russe de l'exposition universelle de 1867.

Revenons rue Boileau (au 67), où Gustave Eiffel installa en 1912 sa soufflerie afin de procéder à des travaux d'aérodynamique. Et ce parce que la municipalité de Paris jugeait l'installation, située initialement au pied de la Tour Eiffel, inesthétique.

Cette demeure bourgeoise du XIXe siècle située au 67 boulevard de Montmorency est celle que les frères Goncourt acquerèrent en 1868. Dans leur "grenier", ils reçoivent tous les dimanches, un grand nombre d'écrivains et d'artistes dont Zola, Maupassant, Mallarmé, etc. En 1874, Edmond (Jules ayant disparu) ébauche le testament qui prévoit de décerner chaque année le "prix des Goncourt" à une oeuvre en prose, "novatrice et hardie".

La rue Mallet-Stevens est le fait exclusif d'un seul architecte : Robert... devinez... Mallet-Stevens. Elle fut inaugurée en 1927.

Elle se compose d'une maison de gardien et de 5 hôtels particuliers agençant de manière originale cubes et cylindres en béton. Notez que la rue est exclusivement réservée à l'habitation. De toutes façons, à mon avis, les habitants du 16ème n'ont pas besoins de commerces de proximité, à quoi ça sert les domestiques !?!

Au 19 Chaussée de la Muette, se trouvait une gare, la station Passy-La-Muette. Aujourd'hui, cette dernière est aménagée en restaurant. Dès 1934, le trafic voyageur de la Petite ceinture était interrompu (ben oui, c'est mieux le métro), et celui des marchandises s'arrêta en 1985.

Là, c'est la chapelle Sainte-Thérèse, édifiée en 1924. Elle est une des composantes de la Fondation d'Auteuil (40 rue La Fontaine), qui accueille et forme des enfants en grande difficulté. L'association a pris le relais de l'Oeuvre de la Première Communion fondée ici par l'abbé Louis Roussel, en 1866, pour aider et évangéliser les enfants orphelins vagabonds.

Au sein de la chapelle repose l'abbé, et pour les plus dévots, sachez que vous pourrez vous recueillir auprès des reliques de Sainte-Thérèse.

On se rend ensuite au 14 - toujours - rue La Fontaine, au Castel Béranger, immeuble réalisé par Hector Guimard appliquant un principe fondamental de l’Art nouveau, celui de l’unité complète de l’œuvre. En effet, tous les éléments du décor (mobiliers, poignées de porte, serrures...) sont signés de la main du maître.

Edifié entre 1895 et 1898, l’immeuble atypique et controversé (d'aucuns l'appellerons la "maison des Diables" ou le "Castel dérangé") est primé au 1er concours de façades de la Ville de Paris en 1898.

Passons maintenant par la rue Berton qui a gardé l'allure d'une ruelle de campagne, semblable à celles de Passy au milieu du XIXe siècle. Sympa le réverbère !

La rue mène à la maison de Balzac (mais nous y reviendrons lors d'un prochain billet), et longe l'ambassade de Turquie. Il faut savoir que le 16ème compte plus de 90 représentations diplomatiques, et il n'est pas rare d'y croiser des automobiles dotées de plaques minéralogiques vertes.

D'autres bâtiments officiels sont présents, tel le siège mondial de l’OCDE installé au Château de la Muette, rue André Pascal, à proximité du bois de Boulogne. Ce château, construit entre 1921 et 1922 dans un style XVIIIe siècle, à l'initiative de Henri de Rothschild, se situe à l'emplacement de deux autres châteaux aujourd'hui disparus, ayant appartenu à la reine Margot puis à Louis XV.

Il y a également, au 1 Avenue d'Iéna, le Conseil économique et social transformé en 2008 en Conseil économique, social et environnemental. La construction du superbe palais d'Iéna par Auguste Perret (en béton bien sûr), s'est achevée en 1946.

On termine la visite sur l'île des Cygnes. C'est une île artificielle longue de 890 mètres et large de 11 mètres seulement. En réalité, elle est administrativement rattachée au 15ème arrondissement, mais nous on s'en fiche, on dit que non !
A l'une de ses extrémités, au niveau du pont de Grenelle il y a une réplique de 11,50 mètres de la Statue de la Liberté, œuvre de Frédéric Auguste Bartholdi, inaugurée en 1889 trois ans après celle de New York. Cette statue fut offerte à la France par les citoyens français établis aux États-Unis à l'occasion du centenaire de la Révolution.

Erigée en 1827, il s'agissait initialement d'une digue, constituant l'un des éléments du port fluvial de Grenelle. Mais depuis 1878, l'île accueille sur toute sa longueur, une promenade très agréable nommée l'allée des Cygnes.

A l'autre extrémité, le pont de Bir-Hakeim surmonté de son viaduc où passe le métro (ligne 6) est orné de la statue La France renaissante, réalisée en 1930 par Holger Wederkinch, offerte à la municipalité par la communauté danoise. Le pont offre une remarquable vue sur la Tour Eiffel.