lundi 30 mai 2011

19ème arrondissement

La visite du 19ème arrondissement débute dans la très asiatique rue de Belleville. C'est la principale rue de l'ancien village de Belleville, annexé à Paris en 1860. Elle doit son nom à la déformation du terme Belle vue, puisque la commune a été créée sur la plus haute colline de la capitale.

Au 80 rue Rébeval, il y a ce joli bâtiment en briques qui fut l'usine Meccano dans les années 1920. Mais si, vous savez, le célèbre jeu de construction métallique...

On continue de descendre la rue jusqu'au 55, où se trouve la cité Jandelle. C'est une impasse qui fut jadis un des chemins qui menait jusqu'à la butte de Chaumont. Il reste encore quelques maisons de campagne du vieux Belleville. Que c'est calme...

On se dirige ensuite au 13 rue de la Villette, où la villa de l'Adour, avec sa verdure, permet également de retrouver l'ambiance des villages parisiens d'autrefois.

On retourne rue de Belleville, au 139, pour visiter l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville. Construite à partir de 1854, elle est l'œuvre de Jean-Baptiste-Antoine Lassus, et c'est l'une des premières églises d'architecture néogothique construite à Paris.

Le petit lotissement des rues Émile-Desvaux et Paul de Kock est composé de maisons datant des années 1930 qui lui confèrent un aspect provincial et pittoresque.

C'est charmant, hein ?

Le 19ème arrondissement souffre généralement d'une mauvaise réputation. Ceux qui la colportent ne se sont certainement jamais aventurés dans le quartier de la Mouzaïa. La rue de Mouzaïa dessert un grand nombre d'allées flanquées de superbes maisonnettes et jardins, comme la villa du Progrès par exemple.

Mis à part les affreux immeubles qui gâchent un peu la vue, on se croirait presque dans le 16ème. Les villas de la Mouzaïa ont été construites sur d'anciennes carrières de gypse, exploitées depuis le Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle. À la fin du XIXe siècle, après que furent comblées les carrières, ces logements accueillirent des ouvriers... aujourd'hui disparus.

Aussi, au 9 de la rue de Mouzaïa se trouve l'église Saint-François-d'Assise. Elle a été édifiée au tout début du XXe siècle, dans un beau style roman italien.

À l'intérieur, ne ratez pas l'énorme mosaïque de style byzantin représentant le Christ en croix, etc. Lors de notre visite, on a assisté à une sympathique chorale franco-béninoise pleine de gaieté. Latourbe l'a même accompagné en tapant dans ses mains...

On se rend maintenant au 93 rue de Crimée pour découvrir, blottie au fond d’un îlot verdoyant, l'étonnante église Saint-Serge. Construite en 1861, cette chapelle est à l'origine une paroisse protestante, fréquentée par l'immigration prussienne.

Après la guerre, elle est réquisitionnée et vendue à l'Église orthodoxe pour répondre à l'afflux de Russes, fuyant la révolution soviétique. L'odeur du bois et l'atmosphère des lieux sont très agréables...

L'intérieur est magnifique, notamment l'iconostase qui sépare la nef du sanctuaire avec toutes ses icones.

Passons au parc des Buttes-Chaumont. Il a été créé dans les années 1860 à la demande de Napoléon III. Inauguré lors de l'Exposition universelle de 1867, les 25 hectares du parc sont installés sur d'anciennes carrières de gypse. Le centre du lac est occupé par l'île du Belvédère...

... et surmonté d'un kiosque : le temple de la Sibylle. Avec Latourbe on s'y est rendu en passant par une passerelle suspendue. De là, le panorama est superbe. Regardez, on voit le Sacré-Cœur. D'ailleurs, on a joué aux touristes en demandant à quelqu'un de nous prendre en photo...

En contrebas de la cascade il y a une grotte. En réalité, c'est l'ancienne entrée d'une carrière souterraine. Tout est artificiel, même les impressionnantes stalactites.

À proximité, la butte Bergeyre, à laquelle on accède par la rue Georges-Lardennois, culmine à une centaine de mètres d'altitude. On y trouve un tranquille petit lotissement bâti pendant l'entre-deux-guerres.

Là encore, la vue sur le Sacré-Cœur est splendide.

Le 19ème arrondissement abrite également, place du Colonel-Fabien, le siège du Parti communiste français. Il est l'œuvre du célèbre architecte Oscar Niemeyer (1971). Ben oui, c'est un coco !

On termine la visite place de la Bataille-de-Stalingrad, occupée par la rotonde de la Villette. Construite dans les années 1780, elle servait de bureau d’octroi de l’enceinte des Fermiers Généraux, destiné à percevoir les taxes sur les marchandises qui entraient dans la capitale.

La place ferme le bassin de la Villette. Après, c'est le canal Saint-Martin.

Alors ? Pas mal du tout le 19ème arrondissement !

samedi 28 mai 2011

La Commune - 1871, Paris capitale insurgée : exposition à l'Hôtel de Ville

Avant de présenter la visite, Dr.jéjé doit vous dire quelques mots. Il y a quelques semaines, avec Latourbe nous avons participé à l'enregistrement de l'émission Questions pour un champion. Depuis, nous sommes dans les listes des organisateurs des programmes de France Télévisions, et ils nous ont proposé d'assister à l'émission On n'est pas couché, ce que nous avons fait ce jeudi. Donc, samedi 28 mai (ce soir), si vous la regardez vous apercevrez peut-être Dr.jéjé et Latourbe. Ce que l'on a retenu de cette expérience, c'est que tout d'abord il y fait très chaud, et qu'ensuite l'émission est enregistrée dans les conditions du direct, sans aucune pause. Donc c'est long, et puis on est mieux installé à la maison pour la regarder. Résultat : si vous voulez vous rendre sur un plateau télé, choisissez plutôt Questions pour un champion, c'est plus rigolo et il y a moins de tensions (regardez et vous verrez, notamment entre Nicolas Bedos et Eric Naulleau...).
Ceci dit, passons aux expositions de l'Hôtel de Ville de Paris (4ème arrondissement ; lignes 1 et 11 du métro, station Hôtel de Ville). Aux expositions, puisque pour commencer nous avons visité Paris au temps des impressionnistes (du 12 avril au 30 juillet) qui présente des toiles, dessins, documents d’architecture et maquettes prêtées par le musée d’Orsay. Bon, comme on a déjà visité ce dernier, nous vous proposons plutôt celle consacrée à la Commune, qui se termine (du 18 mars au 28 mai).

On débute la visite avec cette impressionnante photo de la butte Montmartre le 18 mars 1871. À la place du Sacré-Cœur, il y a cet impressionnant parc d'artillerie. Si vous ne savez pas pourquoi, vous pouvez regarder ici, Dr.jéjé n'a pas le temps de tout vous expliquer, faites un petit effort....

Voici l'affiche de la proclamation de la Commune aux Parisiens (29 mars) annonçant son programme politique et social. Il est notamment écrit « Un pouvoir lâchement agresseur vous avait pris à la gorge : vous avez, dans votre légitime défense, repoussé de vos murs ce gouvernement qui voulait vous déshonorer en vous imposant un roi ». Bref, les communards n'ont pas trop respecté le résultat des urnes...

Déjà le 3 avril 1871, la Commune décrète la séparation de l'Église et de l'État. Elle ne sera effective qu'à partir de la loi du 9 décembre 1905.

Et ici, la colonne Vendôme renversée (16 mai). La Commune la considérait comme « un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l'un des trois grands principes de la République française, la fraternité ». Gustave Courbet, qui demande qu'elle soit abattue, est condamné après la Commune à 6 mois d'emprisonnement et à relever le monument à ses frais. Il meurt ruiné, en exil en Suisse.

C'est le dernier ballon partant pour la province, emportant les proclamations de la Commune agonisante. Sans doute l'une des dernières représentations de l'Hôtel de Ville avant son incendie.

Le 8 avril, la Commune crée une Commission des barricades. Ci-dessous, l'une des 900 qui fut érigée, rue Royale, vue vers la Madeleine. Ses défenseurs, au nombre de 300, furent fusillés après l'assaut de l'armée versaillaise.

Et là, la barricade rue du Faubourg-Saint-Antoine, au départ de la rue de Charonne. Le 10 mai, Delescluze proclame aux futurs combattants : « Nos remparts sont solides comme vos bras, comme vos cœurs. Si vos poitrines sont exposées aux balles et aux obus des Versaillais, le prix qui vous est assuré c'est l'affranchissement de la France et du monde ».

Une jolie photo de la barricade rue de la Bonne, sur la butte Montmartre.

Et puis le 21 mai débute la « Semaine sanglante » avec l'entrée dans Paris des troupes versaillaises, fortes de 60 000 hommes et placées sous le commandement de Mac-Mahon. Cette gravure offre un panorama des incendies allumés par les Fédérés de la Commune du 23 au 24 mai. Au premier plan, le palais des Tuileries.

Cette photo du 28 mai montre les soldats versaillais au repos près de l'église Saint-Jean-Baptiste de Belleville. C'est l'une des rares représentant les combattants lors de la Semaine sanglante. On voit au fond le tas de fusils pris aux Fédérés. Vous savez que les soldats versaillais inspectaient les mains des insurgés pour y trouver d'éventuelles traces de poudre... pour les fusiller.

Le 28 mai, Mac-Mahon proclame aux Parisiens la fin de la Commune. Les derniers combattants seront exécutés devant le mur de clôture du cimetière du Père-Lachaise. Un plaque y est apposée où, chaque 28 mai (aujourd'hui) depuis 1880, un pèlerinage est organisé.

Après la Commune, les dégâts... Dès le mois d'août 1871, le nouveau Conseil municipal élu au suffrage universel décida de réédifier le palais municipal. Un concours fut organisé en 1873 et l'Hôtel de Ville, reconstruit presque à l'identique mais agrandi, fut inauguré le 13 juillet 1882.

Incroyable cette vue de la rue de Rivoli vers l'Hôtel de Ville, au niveau de la rue Saint-Martin.

Vue intérieure depuis le palais des Tuileries (qui n'existe plus) sur l'arc de triomphe du Carrousel qui constituait la porte d'honneur de la cour d'entrée.

Et enfin, la rue Royale vers la Madeleine.

Tout cela rappelle à Dr.jéjé L'Affaire d'un Printemps, une superbe pièce que Dr.jéjé était allé voir avec Latourbe l'année dernière au théâtre de Ménilmontant, sous la forme d'une enquête policière se déroulant durant ces trois mois de 1871. Si jamais elle est rejouée, nous vous la recommandons vivement !

lundi 23 mai 2011

MONUMENTA 2011 au Grand Palais

En ce moment (du 11 mai au 23 juin), se tient l'édition 2011 de MONUMENTA au Grand Palais. Ce superbe édifice fut construit face au Petit Palais, dans le 8ème arrondissement (lignes 1 et 13 du métro, station Champs-Elysées - Clémenceau), à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900. La Nef du Grand Palais présente les dimensions idéales (13500 m², 200 m de long, 45 m sous la coupole) pour accueillir le Leviathan d'Anish Kapoor, sélectionné pour la 4ème édition de MONUMENTA. Je peux vous dire que Dr.jéjé et Latourbe sont très heureux de visiter la dernière œuvre de cet artiste qu'ils ont découvert l'année dernière au Guggenheim de Bilbao.

Au début de la visite on nous invite à passer une porte qui mène dans un espace teinté de rouge, avec d'énormes creux dans sa surface... qui nous fait ressentir d'ineffables sensations.

Regardez, on aperçoit la structure de la grande verrière du Grand Palais à travers le « ventre » de la bête.

Anish Kapoor décrit sa création ainsi : « Un seul objet, une seule forme, une seule couleur. Mon ambition est de créer un espace dans l'espace qui réponde à la hauteur et à la lumière de la Nef du Grand Palais. Les visiteurs sont invités à entrer dans l'œuvre, à s'immerger dans la couleur et ce sera, je l'espère, une expérience contemplative et poétique ».

Et puis ensuite, on va à l'extérieur pour admirer la gigantesque sculpture de l'artiste. Ce dernier est né à Bombay en 1954, et s'est installé à Londres depuis le début des années 1970. En 1991, il remporte le Turner Prize, et il a également exposé ses œuvres au Louvre, à la Royal Academy, la Tate Modern, etc.

D'ici on a un angle de vue un peu différent. C'est énorme !!! Sachez que le Léviathan est un colossal monstre marin biblique capable d'anéantir le monde.

On peut aussi passer en-dessous du Leviathan. Impressionnant, non ? Les gens sont tout petits à côté...

Depuis le balcon on a cette superbe vue. En ce moment, Anish Kapoor travaille sur un signal marquant pour les prochains Jeux Olympiques à Londres. À mon avis le résultat sera tout aussi remarquable.

Dans un bouquin qui traînait, il y avait ces photos qui montrent et expliquent comment le Leviathan est né... et surtout a été gonflé.

Si vous avez l'occasion de vous rendre au Grand Palais avant la fin de cette exposition, allez-y ! C'est absolument extraordinaire.

vendredi 6 mai 2011

Le musée Bourdelle

Le musée Bourdelle est un musée de la Ville de Paris, situé 18 rue Antoine Bourdelle, dans le 15ème arrondissement (station Montparnasse - Bienvenüe, lignes 4, 6, 12 et 13 du métro). Il est installé dans la quartier du Montparnasse où Antoine Bourdelle vécut et travailla dès 1885. Après son décès, en 1929, son épouse Cléopâtre, sa fille Rhodia et son gendre Michel Dufet n'auront de cesse - grâce à leurs dons - que son œuvre soit enfin reconnue et exposée, notamment avec l'inauguration du musée Bourdelle en 1949.

Depuis le jardin sur rue, vous pouvez admirer la galerie à arcades en brique de Montauban, hommage à la ville natale de Bourdelle. De nombreuses œuvres y sont exposées...

... telles que la sensuelle Baigneuse accroupie (1906-1907) - au 1er plan -, La Liberté (1917) - derrière -, et des bas-reliefs du Théâtre des Champs-Élysées (1910-1913), vaste cycle inspiré du Parthénon et des cathédrales gothiques.

Il y a aussi Adam (1888-1889), qui évoque les esclaves de Michel-Ange...

... ou l'œuvre emblématique du sculpteur : Héraklès archer (1ère version en 1909), véritable prouesse technique et formelle, relatant le 6ème des travaux d'Hercule qui doit exterminer les menaçants oiseaux du lac Stymphale à l'aide de son arc.

Le grand hall fut inauguré en 1961 pour le centenaire de la naissance de Bourdelle. Il est dédié aux sculptures monumentales en plâtre telles que le Monument au général Alvear (à gauche - les plus sagaces d'entre vous ont remarqué qu'il y a une version du cheval sans le général dans le jardin), commandé en 1913 par l'Argentine en hommage à l'un des chefs de l'indépendance et qui s'élève aujourd'hui sur une des places centrales de Buenos-Aires, Héraklès archer (encore !), ou La France (1923-1925), destinée à célébrer l'entrée en guerre des États-Unis (au fond à droite). Vous remarquerez qu'il y a 2 dames en train d'admirer une robe. En fait il y en a plein le musée à l'occasion de l'exposition temporaire Madame Grès, la couture à l'œuvre.

Cette salle fait partie de la maison que Bourdelle habita à partir de 1885. À partir de 1918, s'il préfère un appartement plus confortable situé 6 avenue du Maine, il vient y travailler chaque jour et continue d'y recevoir ses visiteurs. Il y est présenté un choix de la collection réunie par Bourdelle ainsi que des œuvres à caractère plus intime... et une robe.

Fidèlement préservée, cette salle restitue l'ambiance d'un atelier à l'orée du XXe siècle. C'est là que travaillait Bourdelle. Depuis ici, on peut également accéder à l'atelier qu'occupa Eugène carrière de 1885 à 1888...

... ainsi qu'au jardin intérieur. Il abrite des œuvres de jeunesse qui voisinent avec Centaure mourant (1911) - allégorie mélancolique de l'artiste (à gauche) - et La Vierge à l'Offrande (1922-1923) dont la seconde femme de Bourdelle, Cléopâtre Sevastos, sera l'inspiratrice (à droite).

Dans l'aile Portzamparc, édifiée par Christian de Portzamparc en 1992, figure notamment une maquette du Monument au poète Adam Mickiewicz (1910). Il y a aussi un fragment du monument : la Main d'Adam Mickiewicz (1924). Consécration tardive, le monument est inauguré place de l'Alma en 1909, avant d'être déplacé cours Albert 1er, dans le 8ème arrondissement.

Et enfin, pour mon public féminin, je vais présenter quelques robes de l'exposition Madame Grès, la couture à l'œuvre. Cette dernière réunit environ 80 pièces provenant du musée Galliera (actuellement fermé pour travaux) et de collections privées.

Je peux vous dire que toutes ces robes ont réussi à captiver l'attention de l'ensemble du public féminin (y compris Latourbe)... C'était bizarre, plein de femmes et pourtant aucun bavardage !

Ces collections sont entrées au musée à l'occasion de cette rétrospective grâce au mécénat de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.

Madame Grès ne cessa de répéter tout au long de sa vie : « Je voulais être sculpteur. Pour moi, c'est la même chose de travailler le tissu ou la pierre ».

Il paraît que l'on reconnaît un chef-d'œuvre de Madame Grès à sa pureté : l'apparente simplicité de son art dissimulerait toujours l'extrême complexité de son savoir-faire. Peut-être...

Conclusion : Dr.jéjé a trouvé la visite ce musée très agréable et les œuvres intéressantes. Allez-y quand il fait beau (jardins).