dimanche 27 juin 2010

La Crypte archéologique du parvis Notre-Dame

Aujourd'hui, on se rend sur le Parvis Notre-Dame - place Jean-Paul II (ligne 4, station Cité), pour accéder à la Crypte archéologique du parvis Notre-Dame. On y trouve les vestiges archéologiques découverts lors des fouilles réalisées entre 1965 et 1972.

Que les plus incultes d'entre-vous se rassurent, pour que vous ne vous sentiez pas perdus, dès l'entrée de la crypte, un petit historique de l'urbanisation de la cité est consultable. Tout d'abord, on vous montre qu'à l'époque glaciaire, un bras de la Seine décrivait une courbe jusqu'aux pieds de Montmartre. Mais aussi, les autres buttes qu'a creusé le fleuve (Belleville, Chaillot, Sainte-Geneviève, Montparnasse). C'est là que vont se fixer, trois siècles avant Jésus-Christ, la tribu celtique des Parisii, peuple de pêcheurs, de chasseurs et de bateliers.

Puis les conquérants romains vont édifier une nouvelle ville sur la rive gauche. De nombreux vestiges de la Lutèce gallo-romaine ont été découverts, dont les thermes de Cluny et les arènes. La paix romaine va durer trois siècles jusqu'aux invasions germaniques.

Enfin, on peut voir ici la capitale médiévale avec notamment la muraille construite par Philippe Auguste à la fin du 12ème siècle, ou l'enceinte bâtie par Charles V sur la rive droite en pleine expansion, vers la fin du 14ème siècle, sans oublier quelques célèbres monuments déjà édifiés...

Passons aux vestiges, avec au premier plan de la photo ci-dessous, les fondations du rempart du 4ème siècle protégeant l'île de la Cité, le coeur de Lutèce. Au fond vous pouvez voir les deux arcades de la cave d'une maison qui pourrait dater du 16ème siècle.

A droite, le tronçon du mur de quai du port antique. Au fond, la section d'un égout construit au 19ème siècle. Et au premier plan, le sous-sol de la chapelle de l'ancien Hôtel-Dieu, construite au 15ème siècle, démolie en 1802.

On est ici sous l'ancienne rue Neuve Notre-Dame, ouverte vers la fin du 12ème siècle. On voit de chaque côté les fondations des façades qui la bordaient (avec ses 7 mètres de large, c'était pour l'époque une grande voie). Au premier plan, des fondations datant du Bas-Empire.

Devant vous, un puits pouvant avoir servi de fosse à détritus. A droite, une base de colonne gallo-romaine.

De retour sous l'ancienne rue Neuve Notre-Dame, on peut voir à gauche et à droite les fondations de maisons d'origine médiévale. Au centre, encore un puits à détritus.

Une remarquable figurine - haute de 3 ou 4 centimètres - de bronze, d'époque gallo-romaine, découverte à cet emplacement en 1977.

Vous voyez ici trois salles d'un édifice gallo-romain du Bas-Empire chauffé par hypocauste, un procédé antique de chauffage par le sol : un foyer (au fond) fournissait de l'air chaud qui circulait entre les pilettes de brique (à droite) et s'échappait par des tubes en terre cuite (à gauche), de section carrée, placés sous l'enduit des murs.

Et là, au premier plan, une cave dallée et pavée, ayant pu servir de boutique. Au fond, c'est une salle d'époque gallo-romaine munie d'une banquette. Peut-être un bassin...

Pour terminer, voyez les restes des fondations de l'église Sainte-Geneviève des Ardents, démolie en 1747. L'église avait été établie dans la Cité lors du grand siège de Paris par les Normands (885-886), pour mettre à l'abri les reliques de Sainte-Geneviève, patronne de Paris. Je vous rappelle qu'elles reposaient avant dans l'église Sainte-Geneviève, fondée par Clovis, près de l'actuel Panthéon.

De retour de Genève, où Dr.jéjé a passé la semaine dernière, il a pris le temps de vous faire partager cette visite avant de repartir vers Rome - toujours accompagné de Latourbe bien évidemment. On se retrouve donc dans une quinzaine de jours pour la suite de nos aventures.

jeudi 17 juin 2010

La Maison de Balzac

Au 47 rue Raynouard, dans le 16ème arrondissement (station Passy de la ligne 6 du métro), se trouve un musée dédié à Honoré de Balzac. Ce dernier a vécu dans cette maison de 1840 à 1847, lorsque Passy n'était encore qu'un village peuplé de cultivateurs, de vignerons et de carriers. En fait, poursuivi par ses créanciers, Balzac s'y cacha sous le pseudonyme de M. de Breugnol.

Sachez que des fouilles réalisées en 2002 ont montré que les caves englobent des habitats troglodytes de la fin du Moyen Age, les seuls connus à ce jour à Paris. Il faut imaginer l'écrivain vêtu de son froc de moine errant dans le jardin...

Deux pièces - la chambre et le salon - sont décorées des portraits de l'entourage de Balzac. Le portrait de Louis-Philippe souligne la concordance entre la période d'écriture de Balzac et la Monarchie de Juillet.

Bernard-François de Balssa, le père d'Honoré, aîné de onze enfants d'une famille paysanne du Tarn, francise son nom, et devient notamment l'adjoint au maire de Tours. Ses théories philosophiques trouvèrent un écho dans l'œuvre de son fils.

Fille d'une famille parisienne aisée, Laure Sallambier est la mère d'Honoré. A 19ans, elle épousa le quinquagénaire Bernard-François. De même, Dr jéjé a toujours apprécié la compagnie des femmes un peu plus jeunes que lui.

Louise Béchet devint, en 1833, l'éditeur de Balzac. Elle publie de 1834 à 1837 les Etudes des moeurs au XIXe siècle, qui préfigurent l'apparition, en 1841, de La Comédie humaine.

Eveline Rzewuski, future madame Hanska, partagera une ample correspondance avec Balzac de 1832 à 1848. A la mort de Monsieur Hanski, en 1841, l'écrivain espère enfin épouser son "louploup chéri", ce qu'elle acceptera seulement le 14 mars 1850, cinq mois avant la mort d'Honoré.

On peut admirer quelques objets telle que la canne de Balzac commandée au joallier Lecointe en 1934. Elle permettra à l'écrivain de se produire avec élégance dans les salons. N'oublions pas qu'il est l'auteur, en 1830, d'un Traité de la vie élégante. Maintenant, je sais ce qu'il me faut...

A l'instar de Dr.jéjé, Balzac était studieux : "Travailler, c'est me lever tous les soirs à minuit, écrire jusqu'à huit heures, déjeuner en un quart d'heure, travailler jusqu'à cinq heures, dîner, me coucher, et recommencer le lendemain", écrit-il en 1845 à Mme Hanska.

C'est dans cette pièce qu'il conçut et rédigea une grande partie de La Comédie humaine. On y trouve divers objets lui ayant appartenu : une table de travail, un fauteuil, une montre, une bibliothèque, des livres, un Christ, etc.

Ainsi que des épreuves corrigées de Modeste Mignon, qui trainent sur sa table de travail. Notez qu'une pièce entière du musée est consacrée à l'exposition d'épreuves. Elles montrent la méthode de travail de l'écrivain qui utilise l'œuvre imprimée comme un manuscrit sans cesse corrigé.

Dans une autre pièce, sont présentés plus de 400 portraits, qui font apparaître la complexité des rapports des principales figures de La Comédie humaine. Remarquez que certaines données sont contradictoires, comme l'âge, ou la cohérence psychologique de quelques personnages, lorqu'il les réutilise d'un roman à l'autre.

A l'étage en dessous - qui donne sur la rue Berton - on peut admirer des portraits de Balzac tel que celui sculpté par Auguste Rodin et Paul Jeanneney...

... ainsi que des caricatures. En effet, dès 1830, Balzac s'associe à Charles Philipon pour la rédaction d'articles insérés dans La Caricature, une revue satirique. Philipon est connu pour avoir imposé la poire comme image de Louis-Philippe.

Là, c'est La France traîne son boulet, par Benjamin Roubaud, parue dans La Caricature, le 27 décembre 1833.

La Maison La Roche

On retourne dans le 16ème arrondissement pour découvrir la Maison la Roche, construite par Le Corbusier entre 1923 et 1925. Elle se trouve au fond du square du Docteur-Blanche (station Jasmin de la ligne 9 du métro), à côté de la Maison Jeanneret, destinée à son frère Albert (hé oui, le véritable nom de l'architecte est Charles-Édouard Jeanneret). La Maison La Roche fut construite pour le banquier Raoul La Roche, permettant également d'y loger sa collection d'œuvres d'art. Aujourd'hui, ces deux villas abritent la fondation Le Corbusier.

Là c'est le hall qui d'entrée, affiche la volonté du talentueux architecte d'échapper au superflu du décor.

On poursuit la visite au premier étage avec la galerie dont l'élégante rampe courbe qui vient se lover dans le creux de la façade constitue l'élément majeur. La rampe (à gauche sur la photo) permet d'accéder au deuxième étage.

Mais avant, traversons cette passerelle bordée par un grand pan vitré...

... pour accéder à la salle à manger, toute en transparence grâce à sa grande fenêtre en longueur. Notez que le jeu des couleurs (noir au sol, marron des murs et du plafond, blancheur de la tablette filante...), conjugué à l'abondance de la lumière naturelle, accentuent le caractère particulier de cet espace de réception.

Maintenant, on se rend au troisième niveau en se remémorant l'idée chère à Le Corbusier : « c’est en marchant, en se déplaçant que l’on voit se développer les ordonnances de l’architecture »...

... pour jetter un œil au toit-jardin, permettant repos et bain de soleil. Il a également un usage technique puisqu'il sert d'isolant contre la dilatation des terrasses de béton armé.

Et puis on s'en va en s'arrêtant à la bibliothèque du deuxième étage, qui nous offre une vue spectaculaire sur le grand pan de verre, illustrant l'idée que « le dedans est toujours un dehors ».

Sachez enfin que si vous aussi, vous décidez de visiter cette œuvre majeure de Le Corbusier, comme Latourbe, vous devrez vous chausser de ces ridicules pantoufles en plastique.

dimanche 13 juin 2010

5ème arrondissement

L'exploration du 5ème arrondissement de Paris débute dans le Quartier latin, rue des Prêtres-Saint-Séverin, avec la visite de l'église Saint-Séverin. L'église actuelle, dont les parties les plus anciennes datent du XIIIe siècle, fut construite sur l'emplacement de l'oratoire de l'ermite Séverin. Le petits-fils de Clovis, Clodoald - futur Saint Cloud - fut son disciple.

A l'intérieur, il y a les reliques de sainte Ursule. Mais sachez qu'on en trouve également dans de nombreuses autres églises, et que leur poids global atteint trente tonnes ! Elle devait être énorme...

Accolé à l'église, il y a un petit square avec des constructions gothiques surmontées de toits pointus : ce sont des charniers datant de la fin du XVe siècle, construits en ceinture du cimetière de Saint-Séverin d'alors.

On se rend au 27 rue Saint-Jacques qui nous offre une vue différente de l'église Saint-Séverin et de son charnier. Mais regardez le cadran solaire en haut à droite de la photo. C'est un don de Salvador Dalí à la ville de Paris en 1966. Il représente un visage en forme de Saint-Jacques évoquant le passage des pèlerins qui passèrent par ici sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Notez également que le tracé de la rue Saint-Jacques date de la période romaine, puisqu'elle correspond à la partie sud de l'ancien Cardo de l'ancienne Lutèce.

Depuis le Boulevard Saint-Michel, on peut voir une partie des thermes de Cluny (d'autres restes sont visibles au sein du Musée national du Moyen Âge). Ils ont été édifiés par les nautes parisiens entre la fin du IIe siècle et le début du IIIe siècle.

Au 9 rue Jean-de-Beauvais, il y a la Chapelle du Collège de Beauvais, construite en 1375. Le Collège de Beauvais, fondé en 1370 par Jean de Dormans, évêque de Beauvais, a accueilli entre autres Cyrano de Bergerac et Charles Perrault. Depuis 1889, la chapelle est une église roumaine orthodoxe.

L'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, située au 23 rue des Bernardins, constitue le principal lieu de culte parisien du mouvement catholique traditionaliste. Je me disais aussi... tous ces scouts. Elle fut construite au XIIIe siècle sur le clos dit du Chardonnet (parce qu'il y avait ici plein de chardons). Elle a bien sûr été rebâtie et sa façade date seulement de 1934.

Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, dessina le magnifique tombeau de sa mère, sculpté par Collignon. De nombreuses autres œuvres y sont consultables, tels des tableaux du XVIe siècle de l'école flamande.

Au 20 rue de Poissy, il y a un superbe édifice cistercien du XIIIe siècle, l'ancien collège des Bernardins fondé par l'Anglais Etienne de Lexington, abbé de Clairvaux.

La grande nef longue de 70 mètres et large de 14 mètres est aujourd'hui un lieu d'exposition d'art contemporain. Hé oui, les carrés en couleur sur le sol ne sont pas des paillassons... quelle imposture !

Au 49 rue Monge, vous pouvez pénétrer dans les arènes de Lutèce. Construites au Ier siècle, elles restèrent en activité jusqu'à la première destruction de Lutèce, à la fin du IIIe siècle. Le monument fut redécouvert en 1869 lors du percement de la rue Monge. C’est l’un des plus grands édifices de spectacles de la Gaule, juste après Arles et Nîmes.

Et maintenant, un petit dépaysement avec la Grande Mosquée de Paris (rue Puits-de-l'Ermite). Elle fut construite pour rendre hommage aux 100 000 morts musulmans qui avaient combattu pour la France lors de la Première Guerre mondiale.

Son minaret haut de 33 mètres, à l'extrémité rectangulaire est typique de ceux que l'on rencontre en Afrique du Nord. Avec Latourbe, il nous rappelle - en plus petit -celui de la Koutoubia, que nous avions vu à Marrakech, lors d'un voyage au Maroc. Ah, vivement les vacances...

Au fond de cette cour il y a la salle de prière qui peut réunir quelque 600 fidèles. Mais ce que je ne comprend pas, c'est qu'on nous demande d'avoir une tenue correcte pour pénétrer dans la mosquée, alors que certains hommes se rendent à la prière affublés de robes et de petits bonnets ridicules !?!

De retour sur la rue Monge, on peut apercevoir au loin la jolie église Saint-Médard (rue Mouffetard) construite du XVe au XVIIIe siècle.

Et encore un morceau de l'enceinte de Philippe-Auguste (rue Clovis), bâtie pour défendre Paris contre une invasion des Anglais. Elle fut édifiée de 1190 à 1215, en englobant des terrains agricoles, afin de pouvoir subvenir aux besoins de la population lors d’un éventuel siège.

Au bout de la rue Clovis, place Sainte-Geneviève, juste à côté du Panthéon, prenez le temps d'admirer l'église Saint-Étienne-du-Mont. A droite, on peut distinguer le lycée Henri-IV. A l'origine se trouve une abbaye, instituée au début du VIe siècle par Clovis en l'honneur des saints Pierre et Paul, où il se fit inhumer en 511, et sainte Geneviève en 512. De l'église d'origine, il ne reste que la tour dite de Clovis.

L'église Saint-Étienne-du-Mont abrite un somptueux jubé qui servait à lire les Evangiles. Aujourd'hui, ils sont rares puisqu'ils furent souvent détruits avec l'apparition de la chaire.

On y trouve également la châsse de Sainte Geneviève renfermant son tombeau exhumé du sous-sol de l'église après la Révolution, ainsi qu'une phalange de la sainte, recueillie après que les reliques de la sainte patronne de Paris aient été brûlées par les révolutionnaires.

Le 5e arrondissement concentre de nombreuses institutions d'enseignement réputées, notamment du supérieur telles la Sorbonne...

... l’École polytechnique, l'École normale supérieure...

... ou encore le Collège de France (11 place Marcelin-Berthelot). Sachez que l'enseignement y est gratuit et ouvert à tous sans inscription. A la rentrée prochaine, Dr.jéjé ira certainement y suivre un cours. Mais bon, le Collège fondé en 1530 par François Ier, gagnerait à avoir Dr.jéjé comme enseignant.